La saison de la chasse aux bourses est ouverte!
Une grande partie des mois de septembre et d’octobre est, pour la majorité d’entre nous, dédiée à la soumission de demandes de bourses auprès d’organismes subventionnaires. Relire des dizaines de fois les mêmes 1500 mots (et pas un de plus!) pour résumer un projet qui s’étalera sur des années, demander des lettres de recommandation à des professeurs fort occupés, expliquer sans prétention mais avec confiance pourquoi vous êtes le candidat idéal…cela vous semble familier?
L’objet de mon propos n’est pas de fournir des conseils sur la meilleure façon d’obtenir une bourse. Je profite plutôt de la saison des bourses pour aborder un tabou pour les étudiants aux études supérieures : la gestion de la compétition entre nous.
Je (vous) pose donc la grande question : comment doit-on se comporter lorsque notre collègue et ami devient…rival?
Cette question n’est pas exclusive aux bourses; elle concerne également les demandes d’emplois (assistant de recherche, auxiliaire d’enseignement, chargé de cours, etc.), les soumissions d’articles pour publication et les propositions de présentations pour des conférences. Vous y serez confrontés un jour ou l’autre.
J’ai vécu ou été témoin de cette compétition à quelques reprises et je souhaite partager des leçons apprises au fil de mes expériences. Mais je désire surtout obtenir votre opinion sur le sujet. En guise de mises en situation, voici divers dilemmes susceptibles de se présenter :
– Je fais part de l’existence d’une bourse à mon collègue et celui-ci fera alors partie de la course pour l’obtenir VERSUS mon collègue n’a qu’à faire ses recherches lui-même?
– Je n’ai pas envie de dire que j’applique pour une bourse pour ne pas créer des attentes dans mon entourage et mon collègue me demande si j’applique : je dis la vérité VERSUS je ‘cache’ la vérité pour respecter mes intentions de discrétion?
– J’apprends que j’ai obtenu une bourse unique et que mon collègue, par la même occasion, ne l’a pas obtenue. Il me demande si j’ai eu des nouvelles : je lui annonce indirectement son refus VERSUS je nie avoir reçu des nouvelles jusqu’à ce qu’il apprenne par lui-même qu’il n’a pas obtenu la bourse?
– J’apprends un refus de bourse et mon collègue m’annonce qu’il l’a obtenue : malgré ma déception, vais-je être sincèrement heureuse pour lui ou vais-je parvenir à dissimuler ma déception?
– Mon collègue me suggère de s’échanger nos demandes de bourses pour se faire des commentaires l’un à l’autre : je refuse par manque de confiance ou par crainte de plagiat VERSUS j’accepte parce que l’initiative est constructive ou parce que je suis très curieuse de lire la demande de mon collègue?
– Mon collègue et moi sommes proches et nous confions tout sur notre vie académique, mais je sens qu’un sentiment de compétition pourrait affecter nos rapports au travail. Je prie tous les soirs pour que nous obtenions chacun une bourse pour éviter des situations inconfortables. Est-ce sain?
Ma première observation dans ce contexte est la suivante : lorsqu’une compétition s’installe par la force des choses, je passe par une gamme d’émotions, nobles et moins nobles, mais non moins humaines. Aussi, le but n’est pas de nier mes émotions, mais bien de me demander comment les gérer.
Voici quelques décisions que j’ai prises dans les circonstances et qui se sont avérées bénéfiques pour préserver un sentiment de collégialité avec mes collègues plutôt que cultiver un esprit de compétition malsain.
Par exemple, j’ai décidé, bien avant que la situation se présente, d’en parler à une de mes collègues qui est aussi une très bonne amie. Nous avons anticipé les dilemmes et les émotions qui pourraient survenir en cas de compétition et nous avons échangé nos visions sur le propos. N’hésitez pas à en discuter autour d’un café avec vos collègues…vous pouvez prendre mon blogue comme excuse pour susciter la discussion! 😉
De plus, je n’ai jamais ‘caché’ la vérité à mes collègues, mais je n’ai pas non plus crié sur les toits que j’appliquais pour des bourses ou des emplois. Mon dicton préféré : ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Donc je ne dis pas ‘je vais sûrement obtenir la bourse’ au monde qui m’entoure. Je réponds toujours la vérité.
Pour obtenir des commentaires sur votre demande de bourse, pourquoi ne pas demander à des personnes d’un niveau plus avancé qui ont déjà soumis une demande auparavant et, au mieux, qui ont obtenu la bourse que vous convoitez?
Par ailleurs, j’ai été témoin de plusieurs réactions touchantes entre des collègues qui ont appliqué pour la même bourse ou le même emploi. J’en conclus qu’il ne faut pas sous-estimer nos collègues et que leur réaction peut être inspirante. Si vous êtes heureux pour votre collègue, pourquoi n’en ferait-il pas autant? On imagine le pire mais on est souvent agréablement surpris!
Et vous, qu’en pensez-vous? Avez-vous déjà vécu des expériences semblables?
par Marie-Eve Couture Ménard
Effectivement il faut bien qu’une personne ait la bourse que aucune.
Après les règles du jeu sont en général clair. Donc à défaut de l’avoir autant que ce soit quelqu’un que l’on aprécie
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